Par Eric LACROIX, le 12/12/2024
En collaboration avec Sébastien Tholozan (Soyez Pro)
Courir, c’est bien plus que poser un pied devant l’autre. C’est une lutte subtile entre le corps, l’esprit et le monde extérieur. Et au cœur de cette alchimie se trouve une force souvent négligée : le calme intérieur. Pas une absence de mouvement, mais une sérénité active, où le souffle guide, les pensées s’éclaircissent, et l’effort devient fluide.
En course à pied comme en trail, ce calme est un fil d’Ariane. Il mène le coureur à travers les tensions, les doutes, les imprévus. Il canalise l’énergie sans la déborder. Les grands champions en parlent comme d’un trésor : cette capacité à relâcher le corps tout en gardant l’esprit alerte, à transformer chaque foulée en un acte maîtrisé.
Comment cultiver ce calme ? Quels outils pour l’éveiller et le renforcer ? Cet article se propose de plonger dans cet espace d’équilibre, entre science et pratique, pour faire du calme intérieur un allié incontournable, kilomètre après kilomètre.
Le stress, allié ou obstacle pour le coureur ?
Dans l’air froid du matin, le coureur se prépare. Le souffle suspendu, les muscles tendus, il sent cette étrange vibration qui l’envahit. C’est le stress. Ce n’est pas un ennemi, pas encore. Peut-être même est-ce un vieil allié, tapi dans les profondeurs de notre biologie. Depuis des millénaires, le stress est cette alarme intérieure qui met en éveil, qui mobilise. Une fréquence cardiaque qui s’accélère, un souffle plus court, et soudain le corps entier semble se préparer à un défi.
Mais pourquoi ressentons-nous cela avant une course ? À quoi sert ce mécanisme, et peut-il nous desservir ? Imaginez un instant nos ancêtres dans les plaines sauvages. Le stress leur dictait de fuir un prédateur ou de lutter pour leur survie. Aujourd’hui, il nous propulse dans une autre arène, plus civilisée : une ligne de départ, un chrono, une foule.
Physiologiquement, le stress active le système nerveux sympathique. Une dose d’adrénaline afflue, prêtant au corps des ressources presque surnaturelles. Les pupilles se dilatent pour mieux capter l’environnement, le sang afflue aux muscles principaux, sacrifiant parfois même les organes digestifs sur l’autel de la performance. Tout cela nous rend plus rapides, plus vigilants, plus puissants. À ce stade, le stress est un moteur.
Mais ce moteur peut-il gripper ? La frontière entre stress bénéfique et nuisible est ténue. Trop d'adrénaline peut faire trembler les mains, saccader la respiration, embrouiller les pensées.
Mais pourquoi un même mécanisme, parfois si utile, se retourne-t-il contre nous ? Est-ce une faille dans notre nature ou simplement une mauvaise interprétation des signaux ? Le coureur nerveux, sur la ligne de départ, peut devenir prisonnier de son propre corps. Chaque battement de cœur semble hurler une question : suis-je prêt ?
La course à pied n’est pas seulement une épreuve physique. Elle est un dialogue constant entre le corps et l’esprit, une lutte pour dompter ces marées internes. C’est là que réside l’enjeu : comment transformer ce stress en un allié fiable, plutôt qu’en un saboteur ? Le coureur qui comprend cette mécanique, qui sait écouter ces signaux sans s’y perdre, détient une clé essentielle. Et cette clé mène à un lieu rarement atteint : le calme intérieur.
Quand le stress devient limitant
Le stress, cet ancien allié, peut se transformer en un maître exigeant, presque tyrannique. Ce qui devait être une alerte devient un bruit de fond assourdissant, une dissonance qui s'immisce dans nos mouvements et dans nos pensées. En course à pied, cela se traduit par une tension diffuse, une crispation qui envahit les épaules, raidit les jambes. L’élasticité du geste se perd, et avec elle, cette précieuse économie d’énergie qui fait les grandes performances.
La respiration, d’habitude fluide et ample, devient saccadée, presque haletante. Une précipitation s’installe, poussant le coureur à démarrer trop vite ou à mal gérer ses transitions, comme un métronome affolé dont le tempo ne suit plus la musique. Le stress, lorsqu’il dépasse un certain seuil, brouille la lucidité. Il détourne l’attention des moments-clés : le ravitaillement que l’on oublie, l’allure que l’on ne maîtrise plus, le terrain que l’on ne voit pas venir.
Pourquoi ce mécanisme, autrefois si utile, trahit-il parfois l’athlète ? Parce que l’équilibre est fragile. Comme une corde trop tendue, le corps finit par vibrer jusqu’à rompre. Sous l’effet d’un stress excessif, le cerveau cède à des réflexes primitifs : lutter, fuir, ou pire encore, se figer. Et le coureur, pourtant entraîné, se retrouve à lutter contre lui-même.
La perte de contrôle est insidieuse. Elle commence par un muscle qui refuse de répondre, par un souffle qui s’emballe. Puis, elle envahit l’esprit : des pensées parasites surgissent, les doutes s’installent. Et voilà que la ligne d’arrivée, qui semblait proche, devient une montagne infranchissable. Combien d’épreuves se jouent, non dans les jambes, mais dans cette capacité à calmer l’orage intérieur ?
À ce stade, le stress n’est plus un moteur. Il est un poids, un frein. Il nous rappelle que la performance, en course à pied comme ailleurs, repose sur un équilibre subtil. Trop peu de stress, et l’énergie manque. Trop de stress, et l’on perd sa cadence, son rythme, sa clarté. La véritable question n’est donc pas d’éliminer le stress, mais de l’apprivoiser. De le transformer, à nouveau, en allié.
En course à pied, le mental joue un rôle aussi essentiel que les muscles. Quand l’effort s’intensifie, la capacité à maintenir un état de calme devient un atout majeur. Ce calme n’est pas de l’inertie. C’est un état d’attention relâchée, où le corps et l’esprit collaborent sans friction.
Les tensions inutiles disparaissent, l’énergie se concentre là où elle est utile : sur la régularité de la foulée, la maîtrise du souffle, ou l’analyse rapide du terrain. Le calme intérieur aide à rester lucide. Il devient une véritable arme pour affronter la distance, gérer les imprévus ou résister aux doutes qui surgissent.
Le calme intérieur : une sérénité active pour le coureur
Le calme intérieur pour un coureur est une harmonie subtile, un équilibre entre le corps, l’esprit et les émotions. Ce n’est pas un état passif, mais une dynamique en mouvement, où chaque aspect de soi coopère pour transformer l’effort en fluidité.
D’un point de vue physique, il se manifeste par un relâchement musculaire qui libère le corps des tensions inutiles. Un coureur tendu consomme plus d’énergie, sa foulée devient lourde, ses épaules se crispent, et son souffle se dérègle. À l’inverse, un corps détendu optimise chaque geste. Il y a moins de résistance, moins de friction. Kilian Jornet, en pleine ascension d’un sommet, parle de « courir léger », de laisser le corps s’ajuster naturellement au terrain, sans effort superflu. Cette économie de mouvement n’est pas seulement un choix technique, mais une clé pour durer.
Sur le plan mental, le calme intérieur est une clarté. Le coureur focalise son attention sur ce qui compte : le rythme de sa respiration, la régularité de ses foulées, les sensations qui émanent de son corps. Cet état d’attention relâchée, décrit dans les travaux de Csikszentmihalyi sur le flow, permet d’échapper au tumulte des pensées inutiles. Pas de calculs incessants sur les kilomètres restants, pas de doutes sur sa capacité à terminer. Juste l’instant présent, dans toute sa simplicité. Lors des montées techniques, où chaque pas demande une précision millimétrée, beaucoup de traileurs se concentrent uniquement sur leur prochain appui. Ce focus réduit l’impact de l’effort perçu et augmente leur efficacité.
Émotionnellement, le calme intérieur agit comme un balancier entre excitation et maîtrise. L’adrénaline, cet accélérateur naturel, est indispensable, mais elle peut devenir dévastatrice si elle n’est pas canalisée. Un exemple remarquable fut celui de Mo Farah, multiple champion olympique et mondial en demi-fond et fond. Connu pour sa capacité à gérer les moments décisifs d’une course, il soulignait l’importance de rester calme et de ne pas se laisser emporter par la nervosité ou l’excitation du peloton. Lors de ses grandes victoires, il focalisait son attention sur des aspects clés comme le contrôle de sa respiration ou la conservation de son énergie pour les derniers tours. Farah transformait ainsi la pression de la compétition en un moteur stratégique.Ce calme maîtrisé lui avait permis de déployer des sprints explosifs en fin de course, là où la nervosité aurait pu engendrer des erreurs ou une fatigue prématurée.
Le calme intérieur n’est pas une absence d’effort, mais une gestion optimale de ses ressources. C’est un souffle qui guide le corps, une pensée qui ne s’éparpille pas, une émotion qui ne déborde pas.
Dans cet état, chaque foulée devient naturelle, chaque décision, instinctive. Le calme intérieur n’est pas un luxe pour le coureur, c’est une nécessité, une force invisible qui fait toute la différence.
Le calme, synonyme de performance
Le calme intérieur n’est pas seulement un état de bien-être. Il est profondément lié à la performance. Les grands sportifs, qu’ils soient coureurs, traileurs ou marathoniens, le décrivent souvent comme un pilier de leurs réussites. Xavier Thévenard, légende du trail, parlait de la douceur et du rythme posé comme des alliés essentiels pour affronter de longues distances en montagne. « La lenteur n’est pas un défaut, c’est une stratégie », disait-il. Pour lui, un esprit apaisé et un corps relâché permettent de mieux s’adapter au terrain et aux imprévus, tout en conservant de l’énergie pour les moments cruciaux.
Eliud Kipchoge, icône du marathon et premier homme à franchir la barrière des deux heures, incarne lui aussi cet art du calme intérieur. Lors de son exploit au INEOS 1:59 Challenge, il a su maintenir un rythme millimétré pendant deux heures d’effort maximal, malgré la pression immense de l’objectif historique. Kipchoge parle souvent de l’importance de rester « mentalement calme » face à la fatigue et à la douleur. Il évoque une « conversation silencieuse entre le corps et l’esprit », où chaque pensée est orientée vers l’instant présent. Ce calme lui permet d’économiser son énergie, de ne pas céder au stress et de mobiliser toutes ses ressources aux moments-clés.
Son mantra, « No human is limited », reflète cette croyance que le calme intérieur est un levier pour transcender les limites apparentes, non pas en les niant, mais en les affrontant avec confiance et maîtrise.
Ces témoignages, qu’ils viennent des sentiers de montagne ou des routes parfaitement calibrées des marathons, montrent que le calme n’est pas une posture mentale passive. C’est une force active. Elle permet d’optimiser le geste, la décision, que ce soit pour maintenir une cadence régulière en montée ou pour mobiliser les dernières ressources dans les derniers kilomètres d’une course. Le calme intérieur devient alors l’outil ultime pour transformer le stress en performance.
Pourquoi le calme intérieur et une respiration maîtrisée sont essentiels pour les coureurs ?
Le calme intérieur est bien plus qu’un luxe pour le coureur. C’est une condition essentielle à la performance, une force discrète mais puissante qui agit à la fois sur le corps, l’esprit et les émotions. Sa portée s’étend des mécanismes physiologiques fondamentaux à la capacité de traverser les moments d’effort extrême avec robustesse.
Sur le plan physiologique, un corps calme est un corps efficace. Une respiration profonde et contrôlée joue ici un rôle crucial. Stéphane Janssoone, dans son ouvrage « La respiration : Bien plus qu'une pratique essentielle », explore l’impact fondamental de la respiration sur le bien-être et la performance. Il rappelle que « respirer par la bouche ou prendre de grandes inspirations rapides ne garantit pas une meilleure oxygénation, et peut même nuire à notre santé ». En course à pied, une ventilation diaphragmatique maîtrisée améliore non seulement l’endurance, mais permet également de réguler le système nerveux, favorisant un état de calme. Cette respiration consciente devient alors un outil clé pour économiser l’énergie sur des distances longues tout en réduisant les tensions parasites.
Un corps crispé consomme plus d’énergie, chaque tension superflue devenant un frein invisible. Relâcher les épaules, suivre un rythme respiratoire adapté et rester fluide dans ses mouvements est essentiel pour les marathoniens et traileurs. Lors d’un ultra-trail, ces ajustements permettent de préserver ses ressources et de tenir sur le long terme. Ces principes s’incarnent parfaitement chez des athlètes comme Eliud Kipchoge, dont la foulée légère et l’apparente absence de tension illustrent cette efficacité en action.
Sur le plan mental, le calme intérieur est une boussole qui aide à naviguer à travers les imprévus inévitables de la compétition. Un ravitaillement manqué, une montée plus abrupte que prévu ou un concurrent qui accélère deviennent alors des éléments à gérer avec lucidité. Le calme permet d’éviter les sur-réactions ou l’impulsivité. Combien de courses ont été compromises par des départs trop rapides, motivés par une montée d’adrénaline incontrôlée ? Ce calme donne au coureur la clarté nécessaire pour ajuster son allure ou modifier sa stratégie en fonction des conditions.
Enfin, le calme intérieur confère au coureur une robustesse mentale essentielle. Lors des instants critiques – comme le fameux « mur » du marathon, où le corps semble crier stop et où chaque pas devient une épreuve –, il agit comme un ancrage. La respiration, encore une fois, joue un rôle central : elle ramène le coureur à l’instant présent, lui permettant de se concentrer sur chaque foulée, chaque souffle, plutôt que sur la difficulté globale. Janssoone souligne que la respiration, bien utilisée, peut devenir une alliée pour transformer ces moments de doute en opportunités de surmonter l’effort.
En alliant une respiration maîtrisée, une concentration aiguisée et une robustesse mentale, le calme intérieur devient une clé incontournable. Il relie le souffle, la cadence et l’effort en une harmonie qui dépasse les simples capacités physiques. Pour les coureurs, il ne s’agit pas seulement de courir vite ou loin, mais de courir en tirant le meilleur de soi-même, un souffle à la fois.
Construire le calme intérieur en course à pied
Le calme intérieur n’est pas un état qui s’impose par hasard. C’est une pratique, un art qui se construit dans la durée, autant par l’entraînement physique que par une réflexion sur son rapport à la course. L’approche philosophique joue ici un rôle fondamental : apprendre à courir avec légèreté, non seulement dans les gestes, mais aussi dans l’esprit.
Changer son rapport à la course
Pour cultiver le calme, il est nécessaire de transformer la manière dont on perçoit la course. Vos foulées peuvent devenir une aventure, une exploration. Courir ne doit pas seulement être un effort pour atteindre un but, mais aussi un voyage en soi.
Loin de chercher un contrôle absolu sur chaque élément de la compétition, il s’agit d’accepter l’incertitude comme une part du jeu : la météo imprévisible, les changements inattendus de terrain, ou les comportements des autres coureurs. Tout cela fait partie du défi. Cette perspective ludique et exploratoire libère l’esprit des attentes rigides et ouvre un espace pour l’imprévu, souvent source des moments les plus mémorables.
Éliminer les dualités internes
La légèreté naît également de la clarté intérieure. Souvent, les tensions mentales proviennent de conflits non résolus : courir pour soi ou pour les autres, chercher un chrono ou profiter du moment, viser la victoire ou simplement finir.
Clarifier ses objectifs est donc essentiel. Un coureur qui sait pourquoi il est là, qu’il s’agisse de relever un défi personnel ou de savourer l’instant, élimine ces dualités qui freinent l’élan. Se détacher du résultat est tout aussi crucial. Cela ne signifie pas abandonner ses ambitions, mais les replacer dans un cadre plus large. Le plaisir de courir, d’être en mouvement, d’explorer ses limites doit primer.
En changeant son rapport à la course et en clarifiant ses intentions, le coureur allège le poids mental qu’il porte. La légèreté devient alors un état d’esprit, une source de liberté qui permet non seulement de mieux performer, mais aussi d’apprécier chaque instant sur la route ou les sentiers.
Approche pratique : Techniques spécifiques pour le coureur
Construire le calme intérieur passe aussi par des pratiques concrètes, intégrées à l’entraînement ou utilisées en compétition. Ces techniques agissent comme des points d’ancrage, permettant au coureur de maîtriser son mental et son corps dans les moments clés.
Respiration profonde
La maîtrise de la respiration est un pilier du calme intérieur. Avant une course, pratiquer des exercices de cohérence cardiaque peut aider à apaiser le système nerveux. Inspirer pendant cinq secondes, expirer sur le même rythme, et répéter ce cycle pendant quelques minutes permet de réduire la fréquence cardiaque et d’entrer dans un état de sérénité.
Visualisation active
La visualisation est une technique qui connecte le corps et le mental. Avant une course, s’imaginer dans les différentes phases d’une compétition, ressentir le souffle régulier dans une montée, ou visualiser l’euphorie de franchir la ligne d’arrivée, renforce la confiance et prépare l’esprit à l’effort.
Dans les moments critiques, comme une montée raide ou un kilomètre difficile, ramener ces images à l’esprit peut offrir une motivation renouvelée. En visualisant une situation réussie, le cerveau se concentre sur des sensations positives plutôt que sur les défis immédiats.
Focus sur la technique
Une autre méthode consiste à porter une attention consciente sur un détail technique. Observer le placement précis des pieds ou maintenir une cadence régulière permet de canaliser les pensées. Ce focus technique éloigne l’esprit des distractions ou des doutes. Il redonne du contrôle sur une situation qui pourrait autrement sembler chaotique.
Les grands coureurs utilisent souvent cette approche pour maintenir une efficacité maximale. Leur attention se fixe sur la symétrie de leurs mouvements ou le relâchement des épaules, créant une mécanique fluide et économique.
Mindfulness en courant
La pleine conscience, ou mindfulness, transforme votre course en une expérience immersive. En écoutant les sons qui vous entourent – le bruit du vent, les oiseaux, ou même le rythme de vos pas – vous ramenez votre esprit dans le moment présent. Ressentir le contact des chaussures sur le sol ou la fraîcheur de l’air sur votre visage ancre davantage l’expérience.
Ces pratiques aident à réduire l’agitation mentale, à éloigner les pensées parasites, et à savourer l’instant. Elles rappellent que courir, au-delà de l’effort, est aussi un moment de connexion avec soi-même et avec le monde extérieur.
En combinant ces techniques – respiration, visualisation, focus technique et mindfulness – le coureur crée un cadre solide pour cultiver le calme intérieur, gérer les imprévus et vivre chaque course comme une expérience enrichissante.
L’hypnose : un outil pour renforcer le calme intérieur
L’hypnose, souvent perçue comme mystérieuse, trouve des applications concrètes et puissantes dans la course à pied. Elle agit directement sur les fréquences cérébrales, notamment autour de 13 Hz, un état à la frontière entre relaxation profonde (ondes alpha) et vigilance active (ondes bêta). Cet état hypnotique, utilisé pour calmer les pensées anxieuses et focaliser l’attention, devient un levier pour gérer le stress, renforcer la confiance et améliorer la concentration avant ou pendant une course. Messmer, célèbre pour ses démonstrations, illustre l’efficacité de cet état pour créer une stabilité mentale tout en maintenant une grande lucidité.
Les bénéfices pour le coureur sont multiples. L’hypnose aide à réduire les pensées négatives, souvent envahissantes avant une compétition. Ces anticipations anxieuses, comme « Et si je n’y arrive pas ? », peuvent être remplacées par des affirmations positives, telles que « Je suis prêt, je suis capable ».
Ce processus de reprogrammation mentale favorise également des attitudes constructives pendant la course : rester concentré, adopter une foulée fluide, ou maintenir une respiration régulière. Des études scientifiques (1) montrent que ces suggestions hypnotiques permettent de prolonger la tolérance à l’effort et de diminuer la perception de la douleur, des atouts cruciaux lors des moments difficiles d’un marathon ou d’un ultra-trail.
L’autohypnose offre une version accessible et autonome de cette pratique (2). Avant une course, un coureur peut utiliser des exercices simples pour se placer en état hypnotique : respirer profondément en suivant un rythme précis, fixer un point stable ou écouter des sons répétitifs. Une fois cet état atteint, des suggestions comme « Je reste calme et détendu » ou « Chaque pas me rapproche de mon objectif » permettent d’ancrer des états mentaux positifs. Pendant la course, synchroniser sa respiration avec ses foulées ou visualiser une progression réussie aide à maintenir cet équilibre mental, même dans les phases critiques.
L’histoire emblématique de Ken Norton, boxeur ayant battu Muhammad Ali grâce à une préparation hypnotique, illustre la puissance de cette méthode. Norton a utilisé l’hypnose pour surmonter ses doutes et renforcer sa confiance face à un adversaire redoutable. Transposé au coureur longue distance, ce principe peut aider un marathonien à traverser le « mur » mental et physique en répétant des affirmations motivantes ou en s’imaginant franchir la ligne d’arrivée avec succès.
Au cœur de ces pratiques hypnotiques, les fréquences cérébrales autour de 13 Hz jouent un rôle clé. Elles créent une harmonie entre relaxation et concentration, une combinaison idéale pour transformer le stress en force motrice et le calme intérieur en véritable outil de performance. Avec une pratique régulière, l’hypnose et l’autohypnose deviennent des alliées précieuses pour explorer les limites mentales et physiques, et vivre la course avec sérénité et maîtrise.
Conclusion : Courir avec le calme intérieur comme allié
Le calme intérieur, loin d’être une simple abstraction, se révèle une ressource clé pour tout coureur. Les études scientifiques l’attestent (3) : des techniques comme l’hypnose ou la méditation améliorent non seulement la performance, mais aussi la récupération après l’effort. Ces pratiques réduisent le stress, stabilisent la fréquence cardiaque, et augmentent la concentration. De plus, elles optimisent l’efficacité énergétique, un facteur crucial en endurance, où chaque geste et chaque souffle comptent. Courir dans un état de sérénité mentale, c’est consommer moins d’énergie, gérer mieux ses réserves, et rester lucide face aux imprévus.
Au-delà des données scientifiques, cultiver le calme intérieur, c’est transformer la course en une expérience riche et positive. Qu’il s’agisse d’un ultra-trail, d’un marathon ou d’un entraînement du dimanche matin, le calme permet de mieux se connecter à soi-même et de savourer pleinement chaque instant.
Pour y parvenir, l’hypnose, la respiration consciente et la mindfulness sont des outils accessibles et puissants. Ils offrent des moyens concrets de développer ce calme, de le renforcer à travers la pratique régulière, et de l’utiliser comme un allié sur le terrain. Ces techniques ne sont pas réservées aux coureurs d’élite ; elles sont à la portée de tous ceux qui souhaitent repousser leurs limites tout en trouvant du plaisir dans l’effort.
Alors pourquoi ne pas essayer ? Intégrez ces pratiques à votre routine, observez leurs effets sur votre corps et votre esprit, et partagez vos expériences. Courir avec le calme intérieur, c’est ouvrir la porte à une nouvelle dimension de performance, de bien-être, et de découverte personnelle.
(1) Elkins, G., Barabasz, A., Council, J. R., & Spiegel, D. (2015). "Advancing Research and Practice: The Revised APA Division 30 Definition of Hypnosis". International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, 63(1), 1-9.
(2) Voir aussi l'ouvrage de Bel Legroux, J. (2022). Autohypnose et performance sportive : Manuel pratique d’entraînement mental pour le sportif. Éditions Amphora.
(3) Tang, Y.-Y., Hölzel, B. K., & Posner, M. I. (2015). "The Neuroscience of Mindfulness Meditation". Nature Reviews Neuroscience, 16(4), 213–225. DOI: 10.1038/nrn3916
Cette étude explore les effets neurophysiologiques de pratiques comme la méditation sur la réduction du stress, l'amélioration de la concentration, et l'optimisation des ressources énergétiques. Elle est particulièrement adaptée pour appuyer l'impact des états mentaux calmes sur la performance et la récupération des athlètes.
Bibliographie
Cox, R. H. (2015). Sport Psychology: Concepts and Applications. McGraw-Hill Education.
Csikszentmihalyi, M. (1990). Flow: The Psychology of Optimal Experience. Harper & Row.
Grindstaff, P., & Fischer, D. (2006). "Hypnosis in Sports Psychology: Current Issues and Future Directions". International Journal of Sports Psychology, 37(2), 137-146.
Harung, H. S., Travis, F., Blank, W., & Heaton, D. P. (2009). "Higher Development, Brain Integration, and Excellence in Leadership". Management Decision, 47(6), 872-894.
Janssoone, S. (2022). La respiration : Bien plus qu'une pratique essentielle. Éditions Dauphin.
Ohman, A. (2005). "The Role of the Amygdala in Human Fear: Automatic Detection of Threat". Psychoneuroendocrinology, 30, 953-958.
Sapolsky, R. M. (1994). Why Zebras Don’t Get Ulcers. W. H. Freeman and Company.
Yerkes, R. M., & Dodson, J. D. (1908). "The Relation of Strength of Stimulus to Rapidity of Habit-Formation". Journal of Comparative Neurology and Psychology, 18(5), 459-482.
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