Depuis quelques années, le polydésoxyribonucléotide (PDRN) attire l’attention dans les milieux de la médecine régénérative. Issu d’ADN de saumon (Oncorhynchus keta ou O. mykiss), il est utilisé pour favoriser la cicatrisation, stimuler la régénération tissulaire ou encore dans certains soins esthétiques. Mais derrière son image de molécule “naturelle” aux propriétés prometteuses, le PDRN pourrait bien représenter un nouveau défi pour le monde du sport et de la lutte antidopage.
Car ses effets – amélioration de la récupération, stimulation de la masse musculaire, meilleure endurance grâce à l’angiogenèse – en font un candidat potentiel au dopage. Facilement disponible sur le marché, le PDRN coche au moins deux des critères qui justifient une interdiction par l’Agence mondiale antidopage (AMA) : amélioration de la performance et risque pour la santé.
Le risque pour les sportifs d'endurance
Le PDRN agit en stimulant les récepteurs A2A de l’adénosine, ce qui favorise la régénération musculaire et diminue l’inflammation. Des atouts séduisants pour des athlètes soumis à des charges d’entraînement intenses. Mais cet effet de stimulation peut aussi activer des voies biologiques comme le VEGF ou HIF-1, impliquées dans la croissance tumorale. Autrement dit : des bénéfices apparents, mais un coût biologique potentiellement élevé.
Une méthode de détection innovante
Jusqu’ici, aucun cas avéré de dopage au PDRN n’a été rapporté. Mais une équipe de chercheurs a récemment mis au point une méthode de détection rapide et ultra-sensible, combinant PCR directe et CRISPR/Cas12a. Cette technologie cible des séquences spécifiques d’ADN de saumon et permet d’identifier le PDRN dans le sang ou l’urine en seulement 90 minutes, avec une précision remarquable (0,8 pg d’ADN détecté).
Ce test représente un outil stratégique pour anticiper un usage détourné du PDRN par certains athlètes, notamment dans les disciplines d’endurance où la récupération et la résistance à la fatigue sont décisives.

Au-delà du dopage classique : un glissement vers le dopage génétique ?
Le cas du PDRN illustre une tendance préoccupante : le passage d’un dopage chimique (stimulants, EPO, stéroïdes) à un dopage génétique et cellulaire, plus difficile à détecter et parfois masqué sous des usages médicaux légitimes. C’est un terrain mouvant, à la frontière entre thérapies innovantes et dérives dopantes.
En pratique
Pour les sportifs que j’accompagne, l’enjeu est clair :
Ne pas céder à l’attrait des “solutions miracles” qui masquent les signaux de fatigue.
Comprendre que la récupération est un processus naturel, et que la manipulation artificielle de ce cycle comporte des risques sanitaires réels.
Savoir que les instances antidopage se préparent déjà à contrer ces nouvelles pratiques.
En résumé
Le PDRN pourrait devenir un acteur majeur du dopage de demain. Il incarne à la fois une avancée médicale prometteuse et une menace pour l’éthique sportive.
Référence
Chen, X., Wang, Y., Li, Y., Zhang, X., & al. (2025). Rapid detection of salmon-derived polynucleotide (PDRN) by direct PCR–CRISPR/Cas12a assay: Implications for anti-doping applications. International Journal of Biological Macromolecules, Elsevier.